Amsterdam : supporters israéliens agressés, chants racistes… Que s’est-il passé après le match de Ligue Europa ?
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Le Nouvel Obs
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Un supporter arbore un drapeau palestinien devant des policiers néerlandais après le match de Ligue Europa à Amsterdam, le 7 novembre 2024. JEROEN JUMELET / AFP
Récap
Des heurts ont éclaté aux Pays-Bas après le match de Ligue Europa jeudi soir entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv. La police néerlandaise a fait état de 5 blessés hospitalisés et de 62 arrestations.
Supporters israéliens agressés, chants racistes contre les Palestiniens, minute de silence sifflée… La soirée de Ligue Europa a tourné au chaos jeudi 7 novembre après le match entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel-Aviv dans la capitale néerlandaise. Voici un résumé de ce qu’il s’est passé.
• Que s’est-il passé jeudi soir à Amsterdam ?
Les tensions ont été crescendo. Jeudi soir, l’Ajax Amsterdam recevait à domicile le Maccabi Tel-Aviv lors d’un match de Ligue Europa. Avant même le début du match, l’atmosphère est pesante, le conflit israélo-palestinien s’invitant à cet événement sportif.
La police d’Amsterdam se disait alors « particulièrement vigilante » sur son compte X, rapportant plusieurs incidents, comme un drapeau palestinien arraché d’une façade « par des inconnus ». Un chauffeur de taxi avait également été agressé par les supporters du Maccabi, rapporte la radio néerlandaise RTL News.
Dans l’après-midi, une centaine de supporters israéliens s’étaient rassemblés sur la place du Dam, entourés d’un grand dispositif policier, avant de se rendre au stade Johan-Cruyff, dans le sud-ouest de la capitale néerlandaise. Des journalistes ont pu entendre des chants anti-arabes et à la gloire de l’armée israélienne, avec des paroles telles que : « Il n’y a pas d’écoles à Gaza parce qu’il n’y a plus d’enfants » ou encore « Fin aux Arabes ».
Un rassemblement propalestinien condamnant la venue du club israélien était initialement prévu aux abords du stade, mais avait été déplacé un peu plus loin dans le quartier par la mairie d’Amsterdam pour des raisons de sécurité.
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Au début de la rencontre, dans le stade, une minute de silence en hommage aux victimes des inondations à Valence, en Espagne, est sifflée par des supporters du Maccabi, selon plusieurs vidéos d’internautes. L’Espagne a reconnu officiellement l’Etat de Palestine en mai dernier.
Mais c’est à la fin du match (remporté 5-0 par l’Ajax Amsterdam) que les violences physiques éclatent. Des supporters du Maccabi Tel-Aviv sont pris à partie. Sur certaines vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on les voit forcés de dire « Libérez la Palestine ! » pour échapper à la violence. Certains supporters israéliens étaient introuvables ce matin avant d’être localisés. « Tous les Israéliens dont on était sans nouvelles à Amsterdam ont été localisés », a indiqué le ministère israélien des Affaires étrangères en début d’après midi dans un communiqué, après des allégations sur les réseaux sociaux évoquant une possible prise d’otages.
La police a protégé et escorté des supporters israéliens jusqu’à leur hôtel, d’après des images diffusées par le média local AT5. « Un grand nombre de véhicules de l’unité mobile sont présents et des renforts ont également été appelés. Des jeunes auraient également provoqué la police », a décrit AT5.
« Il y a eu des émeutes, notamment sur la place du Dam », indiquait hier soir un porte-parole de la police antiémeute à RTL News. Avant d’ajouter : « On ne peut pas indiquer qui appartient à qui, les groupes ne sont pas faciles à distinguer les uns des autres, ils portent presque tous des vêtements sombres. »
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Ce vendredi matin, la police néerlandaise a indiqué avoir procédé à 62 arrestations dans la nuit et a fait état de cinq personnes hospitalisées sans apporter de précisions supplémentaires sur les heurts. Lors d’une conférence de presse en fin de matinée, le chef de la police d’Amsterdam Peter Holla s’est dit « choqué » par les violences où plus de 800 policiers ont été déployés, indique-t-il. « Les partisans d’Israël ont vécu des moments d’anxiété. Ils ont été délibérément attaqués », a dit Peter Holla selon le média néerlandais « De Volkskrant ».
Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a, lui, immédiatement condamné les « attaques antisémites contre des Israéliens » à Amsterdam, dans un message posté sur son compte X.
« Je suis en contact étroit avec toutes les personnes concernées » et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou « a insisté sur le fait que les auteurs de ces actes doivent être recherchés et poursuivis », a précisé Dick Schoof, ajoutant que le calme était revenu dans la capitale néerlandaise.
La maire d’Amsterdam Femke Halsema a quant à elle dénoncé vendredi midi une « explosion d’antisémitisme » qui « n’avait pas été vue depuis longtemps » et a annoncé un renforcement des mesures de sécurité dans la ville.
• Quelle a été la réaction israélienne ?
Face à ces scènes d’une extrême violence, les autorités israéliennes se sont insurgées. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, a dit considérer « l’effroyable incident avec la plus grande gravité » et « exiger [des autorités néerlandaises] d’agir vigoureusement et rapidement contre les émeutiers ». « Les images difficiles de l’agression contre nos citoyens à Amsterdam ne seront pas ignorées », a-t-il assuré.
Il a annoncé « l’envoi immédiat de deux avions de secours » pour porter assistance aux supporters israéliens, tandis que l’armée israélienne a indiqué de son côté préparer « une mission de secours » comprenant un avion-cargo ainsi que des équipes médicales.
Le Premier ministre israélien a également ordonné au Mossad de préparer un plan d’action pour éviter des violences lors d’événements sportifs. « J’ai donné pour instruction au chef du Mossad et à d’autres responsables de préparer nos plans d’action, notre système d’alerte et notre organisation face à cette situation nouvelle », a dit Benyamin Netanyahou.
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« Nous voyons avec horreur ce matin les images et les vidéos choquantes que nous espérions ne plus jamais voir depuis le 7 octobre : un pogrom antisémite qui se déroule actuellement contre les supporters du Maccabi Tel-Aviv et les citoyens israéliens au cœur d’Amsterdam », a déclaré le président israélien Isaac Herzog dans un communiqué.
En fin de matinée, l’armée israélienne a interdit à tous ses personnels de se rendre aux Pays-Bas. « Après une évaluation de la situation, l’armée interdit à tout le personnel en service de se rendre aux Pays-Bas jusqu’à nouvel ordre », a-t-elle indiqué dans un communiqué.
Contacté par l’AFP, le ministère néerlandais des Affaires étrangères a indiqué que « le ministre (Caspar) Veldkamp était en contact urgent avec son homologue israélien à la suite des incidents violents ». Une porte-parole du ministère a confirmé que les deux pays avaient discuté de la demande d’Israël d’envoyer deux avions « pour récupérer des civils israéliens ».
• Quelles sont les réactions en France et à l’international ?
Dans l’Hexagone, on regarde d’un œil inquiet les heurts d’hier soir. Et pour cause : jeudi 14 novembre, l’Equipe de France doit affronter Israël dans le cadre de la cinquième journée de Ligue des Nations au Stade de France, à Saint-Denis.
Emmanuel Macron a « fermement condamné » les « violences contre des citoyens israéliens à Amsterdam » qui rappellent selon lui « les heures les plus indignes de l’Histoire ». « J’adresse mon soutien aux blessés. La France continuera de lutter contre l’odieux antisémitisme sans relâche », a réagi le président français sur X.
La droite et l’extrême droite française ont condamné ce vendredi matin le « déchaînement de violence antisémite » à l’encontre de supporters israéliens. « Il faut se montrer implacable face à ce déchaînement de violence antisémite qui souille et déshonore l’Europe », a écrit sur X la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen. « La haine des juifs se répand comme une traînée de poudre dans plusieurs pays européens, portée par la rhétorique incendiaire de l’extrême gauche », a-t-elle ajouté.
« S’il y a eu des agressions ou des enlèvements, ils sont inacceptables », a commenté de son côté le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard sur CNews/Europe 1, demandant l’annulation du match de Ligue des Nations qui doit opposer la France à Israël jeudi au Stade de France.
Une demande à laquelle le ministre de l’Intérieur ne compte pas céder. « Certains demandent la délocalisation du match France-Israël. Je ne l’accepte pas : la France ne recule pas car cela reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l’antisémitisme », a posté Bruno Retailleau sur son compte X.
« A ma demande, le préfet de police Laurent Nunez prend les dispositions de sécurité nécessaires pour que ce match ait lieu au Stade de France, comme habituellement », a-t-il ajouté.
A l’international, un porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme s’est dit « très perturbé » après les heurts. « Nous avons vu ces informations très perturbantes. Personne ne devrait être soumis à la discrimination ou à la violence sur la base de son origine nationale, religieuse, ethnique ou autre », a déclaré Jeremy Laurence, interrogé sur ces violences lors d’un point de presse régulier de l’ONU à Genève.
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La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est pour sa part dite « indignée » par ces « attaques ignobles ». « L’antisémitisme n’a absolument pas sa place en Europe. Et nous sommes déterminés à combattre toutes les formes de haine », a réagi la cheffe de l’exécutif européen sur le réseau social X.
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