Bernard Lacombe, le lion est mort – L’Humanité
Atteint de la maladie d’Alzheimer, Bernard Lacombe, ancien joueur et dirigeant de l’Olympique Lyonnais, mais aussi de Saint-Étienne et de Bordeaux, est décédé mardi 17 juin, à l’âge de 72 ans. Né en 1952 à Villefranche-sur-Saône, il commence sa carrière professionnelle dans le club rhodanien à la fin des années 1960.
Il évolue aux côtés de stars de l’époque Fleury Di Nallo et Serge Chiesa, avec lesquels il remporte la Coupe de France en 1973. Son histoire avec son OL de cœur s’achève pourtant à l’été 1978, lorsque le club décide, pour des raisons financières, de se séparer de ses meilleurs éléments pour éviter la faillite.
Mais, au-delà de son parcours en championnat de France, une image a marqué à jamais son histoire. Une image en noir et blanc pour bon nombre d’ados rivés devant leur télévision en juin 1978. La couleur n’existe pas dans tous les foyers à cette époque ! Une image muette aussi, car, ce 2 juin, le faisceau hertzien passe mal entre l’Amérique du Sud et l’Europe. Après un trou d’air de près de douze années, l’équipe de France retrouve la Coupe du monde de football et c’est un événement qui est suivi par beaucoup en France et dans le salon !
Un joueur entré dans l’histoire du ballon rond
La bande de Michel Hidalgo, l’entraîneur du renouveau, emmené par celui qui allait devenir l’un des meilleurs joueurs du monde, Michel Platini, inaugure le Mondial argentin au Parque Municipal de Mar del Plata, face à l’Italie de Dino Zoff. D’un côté, des joueurs en maillot foncé. La France ou l’Italie ? De l’autre côté, une équipe en maillot clair. L’Italie ou la France ? Pas de son, des images prises de très loin, mais qui est qui ?
Première minute de jeu, les joueurs en foncé – les Italiens, tout finit par se savoir – engagent et balancent le ballon devant. Un joueur en blanc, Maxime Bossis, le récupère sur son aile gauche et passe en retrait à son gardien Jean-Paul Bertrand-Demanes, qui relance à la main. Le ballon circule au milieu du terrain. Henri Michel ouvre pour le feu follet Didier Six, qui file sur son aile gauche et déborde la défense des Azzurri. Il centre pour Bernard Lacombe, qui est au point de penalty. De la tête, il ouvre le score à la 38e seconde. La suite est moins glorieuse. L’Italie remporte la rencontre (2-1) et la France est éliminée à l’issue de la phase de poules.
Le 2 juin 1978, Bernard Lacombe entre dans l’histoire en marquant le but le plus rapide de l’histoire de la Coupe du monde.
Malgré tout, ce 2 juin 1978, Bernard Lacombe entre dans l’histoire en marquant le but le plus rapide de l’histoire de la Coupe du monde. Cela lui vaut de recevoir du pays organisateur une montre en or pour avoir inscrit le tout premier but de cette édition. Un cadeau empoisonné de la part du dictateur Jorge Rafael Videla, dont tout le monde connaît le régime tortionnaire ! En équipe de France, certains se sont demandé s’il fallait y aller, Dominique Rocheteau le premier. Mais voilà, les douze années d’absence des Bleus au niveau mondial ont finalement raison des doutes affichés.
En Division 1, 497 matchs et 255 buts
Avec l’équipe de France, Bernard Lacombe honore 38 sélections et devient champion d’Europe en 1984. Au niveau national, passé par Saint-Étienne ou encore les Girondins de Bordeaux, de 1979 à 1987, il joue 497 matchs en Division 1 et marque au total 255 buts. Côté titres, en tant que joueur, il est champion de France avec Bordeaux en 1984, 1985, 1987, et gagne la Coupe de France en 1986. Mais c’est à Lyon qu’il finit par revenir une fois les crampons laissés dans les vestiaires.
Comme le rappelle le Progrès, Bernard Lacombe va occuper tous les postes au sein de son club de cœur : d’abord joueur, puis entraîneur adjoint, directeur technique, directeur sportif, entraîneur, recruteur, président de OL Fondation, président de OL Légendes et conseiller du président Jean-Michel Aulas dont il reste très proche jusqu’à la fin. Il participe ainsi à l’épopée lyonnaise des années 2000, qui voit le club rafler sept titres de champion consécutifs entre 2002 et 2008.
Une mort et la fin d’une époque
Homme étiqueté à droite, il affiche aussi parfois un machisme mal venu. Le 25 mars 2013, sur l’antenne de RMC, interrogé par une femme sur le niveau de jeu de Karim Benzema, il rétorque : « Je ne discute pas de football avec les femmes. Je le dis parce que c’est mon caractère. C’est comme ça. Qu’elles s’occupent de leurs casseroles et puis ça ira beaucoup mieux. » Le répéterait-il encore aujourd’hui ?
Quoi qu’il en soit, en novembre 2019, il annonce prendre sa vraie retraite. Sa mort marque la fin d’une époque. Alain Giresse, avec qui il a joué à Bordeaux et en équipe de France, en apprenant la nouvelle de son décès, le décrit ainsi : « C’était un vrai passionné, un amoureux du foot, toujours dans le partage, un attaquant qui pensait aux autres. Aujourd’hui, on en voit peu. Tout sauf un égoïste… » À qui pense-t-il ?
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Auteur : Éric Serres
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