Actualité

Coupe du monde des clubs FIFA 2025 : un échec, vraiment ?

COUPE DU MONDE DES CLUBS FIFA 2025 – Sous le feu des critiques, la première journée de la Coupe du monde des clubs permet néanmoins d’apporter une certaine nuance et de dresser un bilan plus flatteur qu’annoncé.

La porte ouverte aux critiques

L’ancien format de la Coupe du monde des clubs (un représentant par fédération continentale en plus d’un représentant du pays hôte) se devait d’être rénové. Souvent placée en plein hiver, juste avant la trêve, la Coupe du monde ancienne génération avait montré ses limites et semblait désormais obsolète. Dès 2019, un nouveau mécanisme avait été introduit pour l’été 2021, mais le Covid en a voulu autrement. Si l’édition qui devait se dérouler en Chine devait réunir 24 équipes, le report a également eu pour effet d’élargir le plateau puisque 32 équipes sont actuellement présentes aux États-Unis pour l’édition 2025 et son format inédit.

À l’image de la réforme de la Coupe du monde qui passera l’an prochain à 48 équipes, la version « clubs » a, elle aussi, fait grincer des dents ces dernières années. Déjà, d’un point de vue sportif. Beaucoup de détracteurs redoutaient ainsi un intérêt sportif quasi nul avec une surdomination des clubs européens. La victoire du Bayern Munich contre Auckland City dimanche leur a certes donné du grain à moudre, d’autant qu’avec l’ancien format seulement six équipes hors UEFA et CONMEBOL (la confédération sud-américaine) ne sont parvenues à se qualifier en finale et que seules quatre équipes sud-américaines ont remporté la compétition. Pourtant, il convient de relativiser le match entre Auckland – qui d’ailleurs a terminé troisième en 2014 – et le Bayern.

Une compétition sans intérêt sportif, réellement ?

Auckland est en quelque sorte le petit poucet de la compétition. Il s’agit de la seule équipe amateur en lice dans cette édition. Autrement dit, nombreux sont les joueurs et membres du staff à avoir dû poser des congés pour participer. Sa présence s’explique par le fait que la compétition offre un sésame à une équipe de l’OFC (la confédération océanienne). Concrètement, Auckland City rencontre plus d’adversité dans son championnat national qu’en Ligue des Champions, compétition que l’équipe remporte presque chaque année (13 titres alors que le club a vu le jour en 2004), les deux dernières fois contre Hekari United FC et l’AS Pirae, des clubs de… Papouasie-Nouvelle-Guinée et Polynésie Française.

Pourtant, depuis le début de la compétition, la défaite d’Auckland apparaît presque comme une anomalie. Sur les neuf autres matchs qui ont déjà eu lieu avant ce mercredi, un seul s’est soldé par un score de plus de deux buts d’écarts : la victoire du PSG contre l’Atlético (4-0) ! Certains matchs se sont par ailleurs distingués pour le spectacle offert à l’image des matchs du Boca Juniors – Benfica (2-2) et du Palmeiras – Porto (0-0). Le premier a d’ailleurs vu Benfica revenir à hauteur après avoir été mené 2-0. Concrètement, que ce soit au cours de ces deux matchs ou au cours de Fluminense – Dortmund, systématiquement les équipes sud-américaines ont davantage frappé au but que les équipes européennes.

Finalement, ne vivons-nous pas les mêmes scenarii qu’une Coupe du monde habituelle avec des rencontres disputées entre les équipes européennes et les équipes sud-américaines notamment, et il est vrai, un spectacle moins important lorsqu’une équipe comme Chelsea affronte une équipe d’une autre confédération comme Los Angeles (2-0) ?

Calendrier et résultats Coupe du monde des clubs FIFA 2025

La Coupe du mondes  des clubs a lieu du 14 juin au 13 juillet aux États-Unis. Qui succédera à Manchester City ? Voici le calendrier et les résultats de la compétition.

Lire l’article

dicodusport.fr

L’argent, toujours l’argent

En revanche, s’il y a bien un point qui semble faire consensus dans la planète football, c’est la question de l’argent. On peut avancer tous les arguments possibles en faveur d’une refonte du format de la Coupe du monde des clubs, l’argent reste l’enjeu principal. Selon l’OMC et la FIFA, la compétition devrait générer 17,1 milliards de dollars de production brute et engendrer 3,36 milliards de dollars de retombées sociales aux États-Unis et servir de tremplin pour la Coupe du monde 2026 qui selon ces deux organisations « pourrait contribuer à une augmentation du produit intérieur brut (PIB) de 40,9 milliards de dollars, à des retombées sociales de 8,28 milliards de dollars ».


blank


blank

Rien de surprenant en somme même si nombreux sont ceux qui regrettent que le business prenne une nouvelle fois le dessus sur le sport lui-même. Souvent, l’argument qui revient en complément est de dire que les saisons s’allongent, que les clubs jouent de plus en plus de matchs chaque saison. Sans s’étendre sur le cas de chaque club – Auckland n’a par exemple joué que 22 matchs sur la saison 2024-2025 – on peut nuancer ce propos.

Plus de matchs, vraiment ?

Paris a ainsi joué 17 matchs de Ligue des Champions cette saison, en allant au bout. Par défaut, quatre de plus que l’an dernier du fait de la nouvelle formule plus la finale. A contrario, le championnat de France est désormais amputé de quatre journées avec le passage à 18 clubs, la Coupe de la Ligue a disparu il y a cinq ans et cinq changements sont autorisés depuis le Covid.

Concrètement, en 2019-2020, sans le Covid, avec une Ligue 1 allant à son terme et une Ligue des Champions classique, sans Final 8, Paris aurait disputé 62 rencontres, soit quatre de plus que cette année avant le début de la Coupe du monde des clubs. Benfica a ainsi disputé 60 matchs en 2018-2019 contre 56 la saison dernière et cette saison avant le début du Mondial. En revanche, il est vrai qu’une compétition estivale de plus a, pour effet, de raccourcir l’intersaison, et il s’agit peut-être là du réel problème.

Des stades remplis ou non ?

Enfin, beaucoup de publications fustigent des tribunes prétendues vides depuis le début de la compétition. Pourtant, 80 619 spectateurs ont assisté au match entre le PSG et l’Atlético à Pasadena et près de 61 000 lors du match d’ouverture entre l’Inter Miami et Al Ahly dans un stade d’une capacité de 64 000 places en configuration soccer et football américain.

Certes, certaines enceintes ont sonné vides comme le match entre Chelsea et Los Angeles qui s’est déroulé… sur la côte est paradoxalement ! Seules 22 000 places ont ainsi trouvé preneurs alors que le stade a une capacité de 42 500 places en configuration soccer. Le phénomène a été accentué par la politique tarifaire de la FIFA. Les places du match d’ouverture avaient ainsi été mises en vente à plus de 300 euros fin 2024 avant que leur prix ne soit baissé à une cinquantaine d’euros et que la FIFA ne brade finalement ses places ces derniers jours (un billet étudiant à 17 euros acheté, quatre places offertes en conséquence).

Des ambiances folles malgré tout

Néanmoins, il faut également comparer les habitudes européennes aux habitudes américaines. S’il n’est pas rare en Europe de garnir les tribunes une demi-heure à une heure et demie avant le coup d’envoi, les Américains ont quant à eux l’habitude de s’installer en cours de match, souvent quelques minutes après le coup d’envoi. C’est un phénomène que l’on observe fréquemment en NBA notamment. De surcroît, places hors de prix ou places bradées, public à l’heure ou en retard, stade plein ou à moitié vide, qu’importe étant donné l’ambiance.

De très nombreux supporteurs ont ainsi fait le déplacement en nombre pour encourager leur équipe et garnir les tribunes. En avril dernier, l’OMC et la FIFA, par l’intermédiaire d’OpenEconomics, estimaient que 3,7 millions de personnes, américaines et étrangères feraient le déplacement pour encourager leur équipe. Dans les faits, cela se manifeste par de très belles ambiances à l’image des kops d’Al Ahly lors du match d’ouverture, d’Urawa Red Diamonds contre River Plate et plus globalement des équipes sudaméricaines comme Palmeiras. Ce que Ronaldo n’a pas manqué de mettre en avant lors du sommet exécutif de la FIFA à Miami ce mardi.

Du bien, du moins bien, mais du gratuit !

En somme, il est possible de mettre en avant certaines failles ou de déplorer certains aspects concernant la tenue et l’organisation de cette Coupe du monde des clubs, à l’image des quelques stades dégarnis. Néanmoins, il est facile de crier sur une compétition sans l’avoir regardée et paradoxalement, de nombreux points viennent nuancer les critiques initialement énoncées. Si le décalage horaire ne joue pas en faveur de la médiatisation de l’événement, DAZN, le diffuseur officiel a néanmoins pris la décision de diffuser la compétition en intégralité totalement gratuitement. Dans un monde où le foot gratuit se fait de plus en plus rare, cela fait un bon prétexte pour regarder un match et peut-être changer d’avis à propos de la compétition.


Auteur : Victor Clot-Amiot

Aller à la source

Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

Cédric has 2507 posts and counting. See all posts by Cédric