Décryptage. Girondins de Bordeaux. Oliver Kahn abat sa carte, le tribunal arbitrera le match avec Gérard Lopez
Comme un dernier jour de marché des transferts, le suspense a duré jusqu’au gong ou presque. L’après-midi avait basculé dans sa deuxième moitié, ce lundi 26 mai, ultime délai pour les candidats à une reprise des Girondins désireux de déposer un plan de cession alternatif à celui de continuation de l’actuel propriétaire Gérard Lopez, quand le rebondissement a eu lieu. L’ancien gardien et président du Bayern Munich Oliver Kahn, à l’intérêt déclaré pour le club bordelais, a bien déposé un dossier aux administrateurs judiciaires.
Attendue depuis de longues semaines, l’audience de ce mardi après-midi au tribunal de commerce, programmée pour étudier le plan de restructuration de la dette et de sortie de redressement judiciaire préparé par l’actuelle direction, a pris du même coup une autre configuration. La chambre du Conseil, réunissant juges et parties prenantes de la procédure, devra d’abord déterminer si elle voit dans le coup de poker de l’Allemand une proposition recevable et sérieuse. Si c’est le cas, elle pourrait alors renvoyer l’audience, le temps de comparer le remboursement des créanciers dans les deux cas (cession et continuation) et déterminer le mieux-disant.
Ces trois derniers mois, Oliver Kahn, qui s’appuierait sur des fonds suisses, se sera donc préparé dans l’ombre. Désireux, après avoir été écarté de la tête du Bayern en mai 2023, de devenir propriétaire d’un club, le vainqueur de la Ligue des champions 2001 avait ciblé dès la fin de l’automne le dossier des Girondins.
Assisté par l’ancien président de Marseille Jacques-Henri Eyraud, il avait pris langue en début d’année avec Gérard Lopez. Les échanges sur les conditions d’une reprise, avec des positions très éloignées, avaient été infructueux. Malgré cela, Oliver Kahn était venu le 21 février rencontrer le maire de Bordeaux Pierre Hurmic et la présidente de la Métropole Christine Bost. L’actuel patron bordelais avait contre-attaqué en pointant l’absence d’offre ferme et de preuves de fonds.
Fortress, toujours
Depuis ? Kahn s’était contenté d’une simple évocation du sujet, pas vraiment claire, au détour d’une interview au média de son pays Bild. Le lien avait été maintenu avec les collectivités. Et le contact avait été noué avec la Fédération (FFF) sur l’un des nœuds d’un plan de cession : une rétrogradation, ou pas.
Selon nos informations, l’Allemand, dont le plan comprend plusieurs conditions suspensives (accord avec la Métropole sur le loyer du stade, maintien au même niveau), offre 15 millions d’euros qui seraient distribués aux créanciers par ordre de « privilège » : la première partie du remboursement des AGS ayant financé le plan social (1,7 million d’euros), les frais de justice (montant inconnu), puis le fonds d’investissement américain Fortress (11,4 millions d’euros).
« Dans l’entourage de Gérard Lopez, on s’interrogeait sur la recevabilité du plan de Kahn »
Fortress, qui a déjà abandonné plusieurs dizaines de millions d’euros des 57 millions prêtés entre 2018 et 2021, serait ainsi intégralement remboursé, bien au-delà des 4,5 millions d’euros de l’accord trouvé avec Gérard Lopez. Pas anodin : un vote du fonds contre le plan de continuation de l’actuelle direction le ferait capoter. Dans l’entourage de Gérard Lopez, ce lundi soir, on se voulait serein, interrogeant la recevabilité sur la forme et le fond du plan déposé par Oliver Kahn. Dans la soirée, les quelque 400 créanciers, répartis finalement en 15 classes après les recours des collectivités, ont eux reçu la version finale du plan visant à réduire la dette de 94 à 26 millions d’euros (avec un paiement progressif sur 10 ans).
Ils ont maintenant jusqu’au 12 juin pour voter pour ou contre. Mais les juges diront, dès ce mardi, s’il y a match, ou pas.
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