Discriminations dans le football : trois collectifs interpellent le ministère des Sports sur le manque de contenus pédagogiques

L’histoire se répète encore et toujours de la Ligue 1 au plus petit club de campagne. Dimanche 15 décembre, les ultras parisiens ont une nouvelle fois été rappelés à l’ordre pour des « chants insultants » lors du match entre le PSG et l’OL. « Veuillez stopper les messages insultants, sinon le match pourrait être arrêté ou perdu », était-il indiqué pendant la partie sur les écrans du parc des Princes alors qu’ils chantaient à tue-tête : « Les Lyonnais sont des salopes. »

Un nouvel exemple que les chants sexistes, quand ils ne sont pas homophobes ou racistes, sont toujours omniprésents dans les stades. Et pour les trois collectifs habitués de la lutte contre les discriminations, Rouge Direct, Nous Toutes et Les Dégommeuses, « il y a urgence à agir massivement contre ce problème social systémique ». Ces trois collectifs interpellent ce mercredi 18 décembre dans une lettre le ministre démissionnaire des Sports Gil Avérous sur la lutte contre les discriminations de genre et raciales dans le football.

« La Fédération française de football (FFF) doit prendre davantage à bras-le-corps la question des discriminations et des violences dans le football et assumer enfin pleinement le rôle pédagogique qu’elle a à jouer sur ces différents sujets », écrivent Rouge Direct, Nous Toutes et Les Dégommeuses dans ce texte publié sur leurs réseaux sociaux.

Un programme éducatif jugé caduc

Les membres de ces trois collectifs pointent du doigt le fait qu’aucun matériel pédagogique n’est mis à disposition par la Fédération française de football (FFF) et son « Programme éducatif fédéral » pour sensibiliser contre les discriminations. « Nous constatons ainsi avec regret l’impossibilité de trouver sur le site internet de la FFF des informations et fiches pratiques avec des entrées par mots-clés comme “sexisme”, “racisme”, “lesbophobie”, “transphobie”, “homophobie”, “LGBTphobies” », déplorent-ils dans la lettre.

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« A priori, il faudrait taper le nom exact de la fiche dont on ignore l’existence pour tomber dessus, par exemple “Observer et dialoguer pour prévenir” », indique Julien Pontes du collectif Rouge Direct au « Nouvel Obs ».

Un témoignage gênant de Ben Yedder

Les trois collectifs mettent également l’accent sur une brochure « Esprit foot » éditée en 2021 par ce « Programme éducatif fédéral » de la FFF. Ils dénoncent le prix de cette brochure – 12 euros – mais aussi son contenu. Car la revue contient un témoignage du footballeur Wissam Ben Yedder, depuis condamné à deux ans de prison avec sursis pour agression sexuelle et mis en cause dans une autre affaire de violences sexuelles. Depuis sa condamnation en novembre dernier, Wissam Ben Yedder a fait appel.

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« Nous demandons que la brochure soit rééditée avec des contenus mis à jour, en associant les acteurs de la lutte contre les discriminations », commente Julien Pontes en proposant par exemple des dessins de ZEP, illustrateurs du « Guide du zizi sexuel ». Les trois collectifs suggèrent également d’intégrer un témoignage de Jules Koundé « dont les engagements contre les discriminations et les stéréotypes de genre sont connus ». Enfin, l’idée serait ensuite de diffuser cette brochure gratuitement dans les clubs de football.

Une réunion avec la FFF serait dans les tuyaux

Le bras de fer entre la FFF et les collectifs de luttes contre les discriminations dans le football a débuté bien avant ce mercredi. En juin dernier, lors d’une table ronde à l’Assemblée nationale sur la question de l’homophobie dans le football, Rouge Direct avait déjà fait remarquer à la FFF ces programmes pédagogiques jugés caducs.

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Réponse de la FFF à ce moment-là : c’est dans les tuyaux. Tout comme une réunion entre la FFF et les trois collectifs auteurs de la lettre qui devrait probablement se tenir au premier trimestre 2025.

Contactés, la FFF et le ministère des Sports ne se sont pas encore exprimés.