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Football : entretien vérité avec Oussama Abdeldjelil, le buteur irréprochable d’un Nîmes Olympique relégué en National 2

S’il y en a un qui a été irréprochable, c’est bien lui. Oussama Abdeldjelil a marqué 16 des 24 buts des Crocos en National ! Entretien vérité avec le deuxième meilleur réalisateur du championnat après la relégation de Nîmes Olympique en N2.

En fin de saison et en fin d’entretien, on a remercié Oussama Abdeldjelil pour son honnêteté sur et en dehors du terrain. L’avant-centre algérien de 31 ans a tout donné jusqu’au bout. Dans le sérieux et le respect : à Orléans, au coup de sifflet final d’un championnat horrible pour Nîmes Olympique, il a ravalé une dernière déception et échangé son maillot avec Fahd El Khoumisti, qui venait de le dépasser pour le titre de meilleur buteur (17 réalisations contre 16 pour le Gardois).

« C’est le mektoub (le destin, la volonté de Dieu, NDLR). Il faut savoir l’accepter et continuer à bosser, tout en étant une personne avec un cœur avant d’être un footballeur. Si ce n’est pas pour toi, il ne faut pas être triste ou se comparer. Au contraire, sois heureux pour la personne, et Dieu te récompensera. » La discussion, très riche, s’est poursuivie autour d’un déjeuner aux Trois brasseurs, à Nîmes, il y a quelques jours…

Trois semaines après, avez-vous digéré et compris cette descente en National 2 ?

Compris, non. Digéré, c’est dur. Au vu de la qualité de l’effectif, il y avait la possibilité de faire mieux… de toute façon, on ne pouvait pas faire pire ! Mais si on en est arrivé là, c’est qu’il y avait certains manquements. Le groupe vivait bien, il y avait de gentils garçons, de super mecs même, mais mentalement, c’était trop fragile. Il n’y avait pas assez de soldats.

C’est ce que voulait dire votre entraîneur Adil Hermach quand il a déclaré qu’il aurait « aimé avoir plus de Formose (Mendy, le capitaine) et d’Oussama (lui) dans l’équipe » ?

Je pense que c’est assez clair, oui. Individuellement, tout le monde n’était pas prêt, n’avait pas les épaules pour assumer une responsabilité pareille, celle de sauver un club. Quand vous faites 120 kilos au développé-couché et que l’on vous demande de soulever 160, c’est compliqué… Je l’ai dit dans le vestiaire et je vous le répète : je pense que certains, mentalement, étaient trop fragiles.

Avec Formose (Mendy), on avait la même envie. De par notre vécu, notre expérience, même si l’on n’a pas toujours raison, on se trompe rarement. Après, c’est une question d’émetteur-récepteur. On peut indiquer le bon chemin à quelqu’un, mais si la personne n’est pas persuadée que c’est le bon, elle ne le suivra pas… Tout cela, je l’avais senti depuis septembre-octobre.

Pourquoi ne pas avoir alerté sur la situation plus tôt, alors ?

Parce qu’au vu de la qualité qu’il y avait dans l’effectif, on n’était pas spécialement inquiet. Quand j’ai signé ici l’été dernier, c’était pour un an + deux en cas de montée. Jamais de la vie je ne pensais jouer le maintien avec Nîmes. Mais le temps est passé, et le temps perdu, tu ne peux pas le rattraper. Le doute est arrivé, et il est contagieux. Un Camara ou un Marcel en confiance, ça fait partie des meilleurs ailiers de National. Isma (Camara), je lui avais fait la passe “dé” pour son premier but en Ligue 2 avec le Red Star en 2019…

Quelle part de responsabilité a votre coach Adil Hermach, qui a cherché la bonne formule toute la saison sans la trouver ?

Dans ces cas-là, le premier que l’on incrimine, c’est le coach. Il y a eu ces changements incessants de compos, mais personne n’est à sa place, et ce n’est pas lui qui joue. C’est comme quand vous jugez quelqu’un qui a une grosse voiture : personne ne sait quels sacrifices il a faits pour l’avoir.

Pour moi, c’est un club qui descend. Les responsabilités sont partagées. Avec le recul, ce n’est pas totalement sa faute. En grande partie, c’est celle des joueurs. Après, les Paris 13 ou les Villefranche n’avaient pas l’effectif que l’on avait, mais leurs principes étaient clairs : les défenseurs défendaient, et les attaquants attaquaient. Et c’est souvent suffisant en National.

Et la responsabilité de votre président, Rani Assaf, qui a brillé par son absence ?

Je l’ai vu une fois. Il aurait pu essayer de faire revenir les supporters, il aurait pu recruter cet hiver, mais c’est pareil : il ne joue pas non plus. Et il n’a jamais eu de problèmes avec la DNCG. Sur le climat au club et autour, c’est difficile de donner mon avis. Je n’étais pas là avant… Concernant les supporters, il faut aussi se demander ce que nous, joueurs, on a fait pour les faire revenir au stade.

« J’ai fait beaucoup de clubs dans ma carrière. Nîmes fait partie de mon top 3 »

D’ailleurs, j’en profite pour les remercier, car j’ai reçu un accueil très chaleureux, et de l’amour et du soutien quand tout n’était pas au beau fixe. Quand je faisais mes courses, on m’arrêtait, on m’encourageait. J’ai fait beaucoup de clubs dans ma carrière (16, NDLR !) et Nîmes fait partie de mon top 3. C’est une ville qui vit football, et la situation m’attriste encore plus à cause de tout ça. Quand je repense à l’ambiance qu’ils avaient mise à Villefranche (en septembre)…

Individuellement, alors que vous aurez 32 ans le 23 juin, vous avez réalisé la meilleure saison de votre carrière avec 16 buts, soit 67 % du total nîmois en championnat, alors que pas grand-chose n’allait collectivement. Comment l’expliquez-vous ?

C’est grâce à ma femme (Hela) et à mon fils (Isaac). Vous pouvez l’écrire en rouge. Elle m’a permis de me concentrer sur le sportif alors qu’elle était enceinte (Fatima-Henya a 2 mois, NDLR). J’aurais dû me marier plus tôt (sourire). C’est le soutien de ma famille qui m’a permis d’aller chercher encore plus loin, au-delà du travail, car j’ai toujours été un grand bosseur.

Les Abdeldjelil fils (Isaac) et père (Oussama), cette année sur la pelouse de la Bastide à Nîmes. Isaac a aussi marqué beaucoup de buts avec Beaucaire, cette saison.
MIDI LIBRE – PAULIN TRENEL

Je n’ai pas fait de centre de formation mais j’ai toujours su être exigeant avec moi-même. Je me suis inspiré de Laurent Macquet, un ancien pro qui fut mon coéquipier au début de ma carrière. Il se fixait des objectifs quasiment à chaque entraînement. Moi, je m’en fixe aussi, je suis ma ligne directrice, je coche, je valide. Avec Nîmes, je voulais inscrire 10 buts minimum. À partir de 10, tu es un bon attaquant de National.

Ma plus grande réussite, c’est d’avoir tenu parole. Et que mon fils de 5 ans, qui est mon plus fervent supporter et à qui je donne une certaine éducation, prenne exemple. D’ailleurs, c’est le cas : il a mis beaucoup de buts cette saison avec les U7 de Beaucaire, où j’habitais, et il est déjà sollicité (rires).

Et vous, vous devez être également sollicité… Vous l’avez d’ailleurs déjà été cet hiver, à l’étranger…

Oui, c’est vrai. D’ailleurs, juste après avoir négocié avec Nîmes l’été dernier, j’avais eu des propositions plus juteuses et plus longues. Mais j’avais donné ma parole. On m’avait témoigné de la confiance, et je me devais de la rendre. J’ai joué des matches blessés, aux adducteurs ou aux ischios.

Pour l’instant, je prends du recul, je profite de la famille. J’ai pas mal de propositions, étranger, National, même en L2. C’est entre les mains de mon agent. J’en ai repoussé certaines, mais je ne ferme aucune porte, pas même à Nîmes. Mon choix ira vers un projet cohérent et ambitieux.

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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