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FOOTBALL (Régional 1) – Frédéric Bornoville : « J’ai besoin de prendre du recul et de me rapprocher de ma famille » – GazetteSports

Dimanche 1er juin, Frédéric Bornoville a, depuis les tribunes, achevé son deuxième mandat d’entraîneur avec l’US Camon. Cette rencontre remportée à Tourcoing a marqué la fin de son aventure avec le club picard, qui évoluera en R1 la saison prochaine, pour le plus grand bonheur du technicien qui souhaite de son côté prendre du recul sur le football.

L’US Camon de Frédéric Bornoville s’est maintenu in extremis dimanche dernier à Tourcoing. Le club picard a profité du faux pas des Portugais d’Amiens à Calais (4-1) pour obtenir son maintien après sa victoire dans le Nord (1-2). Cette rencontre marquait également la fin de l’aventure camonoise pour Frédéric Bornoville, lequel a décidé de prendre du recul après une saison éprouvante d’un point de vue personnel. Le technicien a accepté de revenir pour Gazette Sports sur l’exercice qui vient de s’achever, marqué par sa lourde suspension.

Ce dimanche, au coup de sifflet final de la rencontre entre Tourcoing et Camon, marquait la fin de votre aventure avec le club picard. Quel était votre sentiment ?

« Il y avait beaucoup d’émotion après ce match parce qu’on s’est finalement maintenu en Régional 1. Il y avait beaucoup d’émotion avec le staff, avec Simon Lucq, avec Noureddine Laroussi, parce qu’on se maintenait et aussi parce que j’allais arrêter d’entraîner. Je pense que c’est mérité sur la saison le fait qu’on se maintienne et je suis très heureux pour les joueurs parce qu’ils n’ont rien lâché, mais aussi pour toutes les personnes du club. C’était un sentiment fort, parce qu’au coup d’envoi, on était relégable, derrière Feignies et les Portugais, et si les deux clubs l’emportaient, on descendait. Au final, on se maintient, mais il est clair qu’en tant que Samarien, j’aurais préféré que les Portugais se maintiennent plutôt qu’un club du Nord-Pas-de-Calais.

Partir en laissant le club en Régional 1, on imagine que c’est un soulagement, une sorte de devoir accompli.

C’est sûr que c’est plus facile de quitter le club en se maintenant en R1, mais ça aurait aussi pu se faire si on descendait, parce que ça ne s’est vraiment pas joué à grand-chose. Mais j’ai essayé de tout faire, de tout mettre en place pour que le club évolue en R1 l’année prochaine. Effectivement, cela fait un peu un départ avec le sentiment du devoir accompli. C’est très important pour le club de rester dans cette division.

Notre groupe n’a pas été épargné.

Frédéric Bornoville

Pour vous, cette saison a été éprouvante tant sur l’aspect sportif que personnel.

Oui, ça a été une saison très éprouvante, il y a plein de choses qui se sont passées. Il y a eu la pire des choses qui puisse arriver dans une vie avec la perte de ma fille l’été dernier. Ça a été très compliqué. Mais il y a aussi Anthony Kondo qui a perdu son papa, Ange Koffi qui a perdu sa grande sœur. Notre groupe n’a pas été épargné cette saison, c’était très difficile. J’oublie peut-être d’autres personnes qui ont connu des malheurs dans leur vie personnelle cette année. Je tire vraiment mon chapeau à cette équipe qui n’a rien lâché jusqu’au dernier match, avec quelques anciens et encore une saison incroyable de Zahir (Zerdab, auteur d’un triplé ô combien important lors de l’avant-dernier match contre Feignies-Aulnoye (3-2)), mais aussi quelques jeunes qui se sont imposés au fur et à mesure.

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Auteur d’une nouvelle saison prolifique, Zahir Zerdab a été l’un des artisans du maintien de Camon en Régional 1.

Quelles sont les raisons qui ont motivé ce choix d’arrêter d’entraîner ?

La principale raison, vous la connaissez, c’est la perte de ma fille l’été dernier. Ça a été un moment très difficile et finalement, je n’ai peut-être, avec le recul, pas passé assez de temps avec ma famille. Il faut dire qu’avec le football, qui est ma passion, avec les entraînements, les matchs, les déplacements, peu importe où on est, c’est un investissement quotidien. Je ne dis pas que je ne reviendrai plus jamais au football, parce que c’est quand même ma passion principale. Mais j’ai besoin de prendre du recul, d’avoir plus de temps pour m’occuper de mes proches, et puis je verrai par la suite. Avec un peu de temps, peut-être que je reviendrai, je n’en sais rien, mais pour l’instant, ce qui est sûr, c’est que je vais faire une pause. J’avais prévenu le club, le président et le vice-président fin janvier, début février de ma volonté d’arrêter. On va dire que la suspension de vingt mois n’a fait que conforter mon choix. Il faut aussi que je prenne du recul par rapport à ça, que j’analyse un peu les choses aussi de mon côté sur ce qu’il s’est passé. Mais pour l’instant, j’ai vraiment envie de passer du temps avec ma famille, mes amis.

Justement, cette lourde suspension qui vous a été infligée en avril, comment l’avez-vous vécue ?

Déjà, je trouve cette sanction quand même très sévère. Il y a eu dans le rapport des faits de récidive, alors qu’il n’y en a pas du tout de mon côté. Il y a aussi des faits d’intimidation et de menace sur l’arbitre. Mais moi, je n’ai jamais menacé ni intimidé personne. Ça a été dur à avaler, mais c’est fait, c’est comme ça. Comme je l’ai dit, ça m’a conforté dans l’idée d’arrêter d’entraîner pour le moment.

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Le 8 décembre 2024, Frédéric Bornoville écope d’un carton rouge lors de la rencontre face à Steenvoorde, date de son dernier match officiel sur le banc de l’US Camon.

Votre dernier match officiellement sur un banc remonte au dimanche 8 décembre contre Steenvoorde (1-2), date à laquelle vous avez écopé d’un carton rouge. À quel point le banc vous a manqué alors que votre équipe a joué pour son maintien une grande partie de la saison ?

Alors, selon les stades, c’était plus ou moins difficile. À Camon, par exemple, au stade Lucien Jovelin, c’est plus compliqué avec la piste d’athlétisme parce qu’on est plus loin du terrain. Mais parfois, c’est intéressant de voir le jeu depuis les tribunes, comme à Hazebrouck, à Saint-Omer ou à Compiègne, où on voit le match d’une autre façon, avec plus de recul, et ça permet aussi d’avoir une analyse un peu différente. Ne pas être sur le banc ne m’a pas perturbé plus que cela parce que je savais qu’il y avait des bonnes personnes pour me remplacer avec Noureddine (Laroussi) puis Simon Lucq qui est venu nous prêter main-forte et Bernard Sinoquet. J’avais confiance en eux et je savais qu’ils avaient les compétences pour aider l’équipe. Ce qui m’a le plus manqué, c’est le contact avec les joueurs, dans les vestiaires, à l’échauffement ou au moment de leur entrée en jeu, de leur glisser le petit mot pour leur donner confiance.

Je suis sûr que Simon Lucq va faire du très bon travail du côté du Havre, comme il l’a fait avec Camon.

Frédéric Bornoville

Vous évoquiez Simon Lucq. Qu’a-t-il apporté dans le staff, de par son expérience ? Il avait indiqué après la victoire face aux Portugais d’Amiens au mois d’avril n’avoir jamais vécu de descente à l’issue d’une saison qui est allée à son terme (hors covid, ndlr) et qu’il était animé par cette mission de se maintenir en R1. Chose qu’il a réussie avant de rejoindre le staff du Havre en Ligue 1 la saison prochaine

Je suis très heureux pour lui. C’est une belle personne, il nous a amené sa bonne humeur, ses compétences, son envie de gagner. Ça nous a fait du bien et ça nous a aidé à aller chercher ce maintien. Je le remercie vraiment pour ça, je lui ai déjà dit après le match à Tourcoing, je le redis encore parce que ça a été un apport important pour le club. À la fin, on s’est pris dans les bras et on s’est dit qu’on avait réussi cette mission de se maintenir. Il n’a toujours pas connu de descente dans une saison qui est allée à son terme, ça prouve ses qualités, ses compétences, son investissement. Je suis sûr qu’il va faire du très bon travail du côté du Havre, comme il l’a fait avec nous à Camon, et qu’il va amener sa personnalité.

De votre côté, qu’allez-vous faire si vous n’êtes plus entraîneur ? Avez-vous d’autres projets ?

Dernièrement, je me suis un peu mis au golf avec des amis. Mais je le répète, je veux surtout me rapprocher de ma famille. Avoir plus de liberté pour les week-ends, parce que, lorsque vous êtes coach en R1, vous n’avez pas forcément la possibilité de prendre des week-ends et d’aller quelque part. Donc ce sont des projets à venir. Par contre, j’irai très certainement voir des matchs de Camon l’année prochaine. J’irai aussi voir jouer mes deux garçons (Karel et Titouan), que je n’ai pas vraiment l’occasion de faire, puisque nos matchs étaient en même temps. »

César Willot
Crédit photo : Kevin Devigne, Reynald Valleron – Gazettesports.fr

Auteur : César Willot

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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