Futur stade du PSG : visite en grande pompe à Ris-Orangis, discrétion à Massy et Poissy… Où en sont les candidats ?
Quatre mois après un premier point, franceinfo: sport a pris la température de cet épineux dossier qui nourrit beaucoup de fantasmes et de convoitises.
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La sélection devait être annoncée dès le mois de janvier. Puis, la décision avait été reportée à la fin du premier trimestre 2025. Le mois de mars est passé et le PSG n’a toujours pas révélé où il comptait installer son futur stade. « Il n’y aura pas de communication dans la prochaine quinzaine, mais très bientôt, le Paris Saint-Germain communiquera et annoncera un ou plusieurs sites préférentiels », souffle à franceinfo: sport une source proche du club. Il faudra donc au moins attendre le dénouement de la finale de la Ligue des champions face à l’Inter le 31 mai prochain. Mais certains candidats n’ont pas attendu pour sortir du bois, telle Ris-Orangis dont le maire Stéphane Raffalli (PS) a organisé, mercredi 14 mai, une visite en grande pompe de l’hippodrome.
Dans cette situation d’entre-deux, des tendances ont été dégagées par la presse spécialisée. Massy est annoncé en pole position fin mars, puis une finale Massy-Poissy est évoquée début mai. Dénominateur commun de ces deux nouvelles, Massy présente l’avantage d’être plus accessible en transports depuis Paris que les autres projets extra-muros (A6, A10, N20, N188, RER B et C, Tram T12 et le futur Grand Paris Express, en plus d’être à proximité de l’aéroport d’Orly).
Du côté de la troisième ville d’Essonne la plus peuplée (environ 50 000 habitants à Massy), on ne laisse rien transparaître. Pas de communication tapageuse, ni de confirmation concernant une prétendue mise en valeur du projet par le directeur général du PSG, Victoriano Melero, devant les décideurs qatariens à Doha, évoquée par Le Parisien. Le club, d’ailleurs, a toujours démenti. Comme toutes les pistes évoquées, Massy présente des défauts. « Le foncier est pour partie agricole. Il existe des incertitudes liées au passage des avions et à la proximité d’Orly. Une des deux friches [considérées], celle de Carrefour, est au milieu d’un tissu urbain avec un voisinage immédiat et ne mesure que 17 hectares (contre les 50 demandés par le PSG)« , soufflait à franceinfo: sport un observateur du dossier dès janvier.
Mais cela ne veut pas dire pour autant que Poissy tient la corde, même si le centre d’entraînement flambant neuf du PSG y est installé depuis 2023. Le site visé est actuellement utilisé par le groupe Stellantis, sur lequel plane l’incertitude d’une cessation des activités à moyen terme. 2 500 employés en CDI sont sous la menace de perdre leur emploi. « Pendant que la direction essaie d’endormir les salariés, elle spécule déjà sur la future utilisation du terrain de l’usine », écrivait en novembre Jean-Pierre Mercier, porte-parole de Force Ouvrière et engagé contre la fermeture de Stellantis à Poissy.
Six mois se sont écoulés et le flou domine toujours. Quand la maire Sandrine Berno dos Santos (LR) « ne souhaite pas commenter les rumeurs », son prédécesseur Karl Olive ne cesse de faire comprendre par allusions son excitation à l’idée d’accueillir le futur stade du PSG, le plus récemment devant les jeunes footballeurs présents au concours d’éloquence opposant les centres de formation. Pour Jean-Pierre Mercier, le retour de Poissy sur le devant de la scène est « la confirmation que la direction de Stellantis a programmé la fermeture de l’usine ». En octobre dernier, Carlos Tavarez, alors directeur général du groupe avant sa démission le 1er décembre, disait dans Les Echos [article payant] que « la décision [concernant le site de Poissy] sera prise fin 2025, en cohérence avec la durée de vie des modèles qu’il produit« .
Derrière les dossiers les plus médiatisés, Ris-Orangis y croit toujours et est même sorti de sa réserve. L’édile PS a convié 30 maires du territoire, deux présidents d’agglomération, quatre parlementaires et une poignée de journalistes pour visiter, mercredi, l’hippodrome d’Evry, situé sur la commune, qu’une délégation parisienne était déjà venue repérer mi-décembre. « J’ai l’intime conviction que c’est un site exceptionnel, unique et idéal pour le stade du PSG », a appuyé ce dernier, lassé d’entendre dire que son terrain est trop éloigné de la capitale (à 30 km en voiture du Parc des Princes).
Le trajet depuis Paris a tout de même des airs de petit périple. Il faut compter 1h30 environ en empruntant l’itinéraire RER C-Tram T12. En l’état, une portion de départementale est à parcourir à pied pour ensuite rallier le site de l’hippodrome. Un peu de temps de trajet sera raboté avec quelques aménagements, comme la construction d’une passerelle. L’autre option en transports en commun est d’arriver par le RER D, avec une gare qui sera à 900 mètres du stade, une « distance idéale », similaire à celle entre le RER B et le Stade de France.
Un échéancier est déjà prêt. La promesse d’une livraison du stade pour 2030 est un argument massue que les autres projets ne peuvent pas tenir. « C’est trop optimiste. Ce n’est pas tenable », lâche une source proche du dossier. Dans tous les cas, le dossier présente l’avantage de ne pas partir de zéro. Au même endroit, la Fédération française de rugby avait choisi de bâtir un stade de 82 000 places, avant de se rétracter en 2016 sous l’impulsion de Bernard Laporte. « Ce n’est pas une lubie. C’est tenable à deux conditions : que la programmation du projet par le PSG soit stabilisée avant la fin de l’année et que le stade soit construit en trois ans », s’est justifié Stéphane Raffalli, mercredi lequel espère que le dossier se décante après la finale de la Ligue des champions le 31 mai.
La posture de Ris-Orangis suit la courbe inverse de celle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Après des semaines de lobbying, dont la publication d’une page de publicité dans le journal L’Equipe du 16 décembre, plus un bruit de la part de cette piste dont les discussions avec le PSG ont débuté bien avant les autres. Il est de nature à se demander si ce manque de discrétion n’a pas provoqué l’effacement de Saint-Quentin-en-Yvelines, et s’il ne pourrait pas aussi coûter cher à Ris-Orangis.
« Nous avons toujours souhaité préserver l’intégrité du dialogue avec les instructeurs du dossier. Sauf que la presse s’en est saisie et plein de choses fausses ont été publiées. Nous communiquons pour reprendre la main et initier un débat public serein », s’est justifié Stéphane Raffalli, qui dit avoir dîné encore avec les décideurs parisiens lundi et qui avait été invité dans les loges du Parc des Princes pour la demi-finale retour de Ligue des champions.
Dans cette période indécise, la tribune Auteuil, où réside le Collectif Ultras Paris, affiche la même banderole à chaque match à domicile : « Le PSG, c’est au Parc ». L’hypothèse d’un non-déménagement n’est pas impossible. Un changement de position à la mairie de Paris, dont les élections municipales sont prévues en mars 2026, pourrait réchauffer les discussions avec les décideurs parisiens, à condition qu’elles portent sur la vente du Parc des Princes au PSG. Si tel est le cas, il faudrait ensuite que le Conseil de Paris revienne sur sa décision de patrimonialiser le stade, votée à l’unanimité en février 2024. Autant dire que le chemin est peut-être encore plus escarpé que celui menant aux pistes en dehors de Paris
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