Girondins de Bordeaux. Les chiffres étonnants du plan de continuation… et les réponses du club
C’est un document de 52 pages, sans compter les annexes, transmis la semaine dernière aux 400 créanciers et au tribunal de commerce. Le plan de continuation des Girondins de Bordeaux, mis sur pied à la fois par la direction et les avocats du club, explique comment celui-ci compte rembourser 26 de ses 95 millions de dettes et retrouver la Ligue 1 en 2030, selon le scénario présenté comme « le plus probable ».
Dans les budgets prévisionnels établis pour les prochaines années, certaines données ont de quoi surprendre. Nous avons donc sollicité le directeur général bordelais, Arnaud Saint-André, afin qu’il les explique. Sachant, comme il le rappelle, qu’il y a « tellement d’aléas sportifs et financiers dans le foot… Mais c’est la philosophie qu’on veut se donner, en faisant attention à toutes les dépenses. »
1. Sur les droits TV, le pari de la croissance
Le plan prévoit entre 3,5 et 4,5 millions de droits TV perçus en Ligue 2, puis entre 12,8 et 20,8 millions en Ligue 1. À titre de comparaison, les Girondins ont touché 5,7 millions en Ligue 2 avant leur chute au niveau amateur, et 20,5 millions lors de leur dernière saison parmi l’élite. Cela semble donc plutôt prudent. Mais à l’époque, le montant net reversé à l’ensemble des clubs de L1 et L2 était largement supérieur à ce qui a été pratiqué lors de cet exercice 2024/2025. Et il ne fallait pas encore rembourser le fonds CVC, qui perçoit 13 % des droits chaque année.
« Nous nous sommes positionnés plus bas par rapport à avant, mais plus haut par rapport à aujourd’hui. Si les droits restent sur les mêmes standards, on sera effectivement hauts », admet Arnaud Saint-André. Le club mise sur le fait que « les niveaux futurs de droits télévisés, en cas de remontée, pourraient être supérieurs à ceux antérieurement constatés, notamment si les réformes au sein de la LFP et les négociations avec le partenaire télévisuel historique (Canal+) aboutissent ».
Pour l’instant, les clubs pros n’ont aucune visibilité sur les recettes perçues la saison prochaine avec la future nouvelle chaîne.
2. Une masse salariale administrative élevée
« Une maîtrise stricte des coûts » et « une gestion rigoureuse » sont mises en avant, comme pour contraster avec les années précédentes, où les Girondins ont vécu à crédit, au-dessus de leurs moyens. Pourtant, dès la saison prochaine en N2, un poste de dépense fait tiquer : 647 000 euros de masse salariale brute (non chargée) pour les… dix salariés administratifs. Soit un salaire mensuel moyen de 5 400 euros. C’est très élevé pour ce niveau sportif, et pour un club qui sort de redressement judiciaire et d’un plan social dévastateur (85 licenciements).
« Nous avons conservé sept salariés historiques qui ont donc leur ancienneté. Ils ont gardé leurs salaires qui sont effectivement inhabituels pour la N2, explique le DG bordelais. C’est un peu le prix à payer pour maintenir l’emploi, même si nous avons présenté une fourchette haute dans notre budget ». Le coordinateur sportif Karim Saada (plus de 6000 euros par mois) est désormais salarié du club, non plus de la holding La Dynamie. Cette ligne salariale intègre également la rémunération du directeur sportif John Williams, jusque-là bénévole.
Le salaire administratif moyen passera à 6500 euros brut en N1 (effectif constant), 6400 en Ligue 2 (13 salariés) et 7400 en Ligue 1 (15 salariés).
3. Peu de salariés en Ligue 1
Avec dix salariés en National 2, les Girondins sont « staffés comme un club de bas de tableau de Ligue 2 », assume Arnaud Saint-André. Conserver une structure relativement étoffée, même à ce niveau, permet d’être au rendez-vous sur le commercial et l’évènementiel, notamment parce que le club joue toujours au Matmut Atlantique, un outil qui coûte cher (1 million d’euros par an pour l’instant, tarif progressif jusqu’à 4,5 millions par saison en L1) et qu’il faut exploiter au mieux les jours de match.
Cette saison, le SCO d’Angers tournait avec 20 à 30 salariés administratifs en L1, de loin le plus faible total de l’élite. Les Girondins prévoient de n’en compter que 15. Réaliste ? « Pour moi, oui », indique Arnaud Saint-André. «Le marketing et le commercial seront externalisés. » D’après lui, des clubs comme Lyon, Lens et Saint-Étienne ont emprunté cette voie de l’externalisation, qui se retrouve dans une ligne des budgets prévisionnels et qui, surtout, permet une plus grande souplesse s’il faut un jour réduire la voilure.
4. De belles plus-values lors des mercatos
Les Girondins prévoient aussi de présenter chaque année une balance de transferts nettement positive (7 à 8 millions d’euros en Ligue 1) et de percevoir de gros pourcentages sur de futures reventes (2 millions par saison en Ligue 2, 4 millions en Ligue 1). Si l’on se base sur le rapport DNCG de l’exercice 2023/2024, ils seraient dans la moyenne haute en L2, dans la moyenne basse en L1. John Williams devra bien cibler… et bien négocier.
Arnaud Saint-André rappelle que Bordeaux « continue à percevoir des droits de suite pour Jules Koundé et Aurélien Tchouaméni », deux joueurs vendus à l’époque GACP et King Street et qui génèreront des indemnités de formation lors d’éventuels futurs transferts (la fermeture du centre finira par tarir cette source de revenus). En revanche, aucun pourcentage n’avait été négocié avec Strasbourg pour Dilane Bakwa, vendu 9,5 millions en 2023 et qui pourrait partir pour bien plus cher.
Pour les abonnements, une erreur d’écriture
Le club comptait 5500 abonnés en 2024-2025 et en annonce… 7000 la saison prochaine, toujours en N2. Une erreur d’écriture, dit-on au club, qui table plutôt sur une baisse (bien plus logique) d’un millier d’abonnements. Mais la direction a aussi bon espoir qu’un recrutement séduisant et un bon début de championnat convainquent les hésitants. Après tout, avec un ticket d’entrée à 45 euros pour 15 matchs en virage, l’investissement reste raisonnable. À noter que les Girondins prévoient 10 000 abonnés en N1.
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