Girondins de Bordeaux. « Les Girondins en N2, je ne m’y ferai jamais » : Emeric Depussay revient sur la saison qui s’achève à Locminé
Il n’y a pas de prolongation prévue. « On verra ce qu’on fera dans le car si on gagne », sourit le milieu Emeric Depussay, dans la perspective des quelque 7 heures de voyage retour. La « parenthèse de cette saison atypique », dixit l’entraîneur Bruno Irles, va se fermer ce samedi à Locminé avant de voir le groupe éclater après huit mois et demi usants. « Il y a du bien, du moins bien, mais on a vécu une histoire », poursuit le coach. De l’euphorie de débuts sans pression à la dernière ligne droite crispée par les résultats.
Jeudi, avant un entraînement de fin de saison entre bonne humeur et implications variables, Emeric Depussay (23 ans), qui a connu tous les épisodes depuis la reprise du 4 juillet en… L2, tout comme Jean Grillot, est revenu dessus pour « Sud Ouest ».
Cette dernière rencontre est-elle particulière ?
Oui car on se souvient du match aller qui n’a pas été bon. Et car on a envie de terminer ensemble sur une note positive. Personne n’est fixé pour la saison prochaine, il y a beaucoup d’incertitudes. Mais on veut bien finir cette première étape dans la reconstruction. Ce groupe a été humainement une belle découverte, avec de bons mecs, de bonnes connexions. J’ai trouvé quelque chose de familial.
Que retiendrez-vous ?
Tout n’a pas été facile. On est parti de très loin et on a réussi à construire un groupe cohérent et solide en quelques semaines. Si on n’est pas monté alors qu’on y a cru, c’est que tout n’a pas été parfait. Mais je sais d’où on vient et je veux retenir le positif. Sincèrement, en août dernier, je ne pensais pas qu’on arriverait à jouer la première place. C’est venu au fil de notre bonne série à l’automne. J’ai commencé à y penser en janvier. Si je dois garder une image, ce serait l’espoir après le succès contre Saint-Malo (1-0, 12 avril). On s’en veut. Mais de l’espoir, depuis Annecy et Rodez en L2 (juin 2023), on n’en avait plus eu.
Qu’est-ce qui vous a empêché d’aller au bout ?
Un manque d’efficacité, de régularité. Pendant une période, tout nous a souri puis dans celle négative, ça a été l’inverse. On entend qu’on était super bien puis qu’on s’est écroulé. Moi, je trouve qu’on n’a jamais été vraiment au-dessus ni en dessous. Pour monter, il faut qu’on ait plus de domination sur nos victoires afin de s’installer en haut du tableau de manière pérenne, et aller chercher des points sur des défaites qui auraient dû être des nuls, et des nuls qui auraient dû être des victoires. C’est un championnat hétérogène, dans la qualité de jeu comme dans les infrastructures. On a été plus à l’aise contre les gros car, face au bas de tableau et sur certains terrains, c’était haché. Il y a des rencontres qui se gagnent tactiquement et d’autres où c’est la guerre, un combat de duels. On a su y répondre au début et on a peut-être manqué d’endurance mentale pour éviter les petites erreurs qui nous ont coûté cher sur ces matchs-là.
Qu’entendez-vous par plus de domination ?
Dans notre volonté de toujours aller vite vers l’avant, on a parfois pris des risques inutiles dès la récupération du ballon, quand on menait ou sur des temps faibles. Parfois, il faut savoir gérer pour mieux attaquer. À titre personnel, ma première partie a été difficile. Je revenais d’une pubalgie. Le jeu était plus direct que ce que j’ai appris durant ma formation et j’ai dû m’adapter. La deuxième a été meilleure, même si à l’image du groupe, ce n’était pas parfait.
Les Girondins en N2, vous y êtes-vous fait ?
Non. Je n’ai pas envie de m’y faire et je ne m’y ferai jamais. En tant que joueur, je peux juste essayer de faire en sorte que ça dure le moins longtemps possible.
Le poids du maillot a-t-il pesé ?
Certains ont découvert les deux côtés du contexte des Girondins et d’un club professionnel en général : quand on gagne, on est mis sur un piédestal et quand on perd, il faut savoir faire face à la pression contraire. Mais je ne pense pas que ça a été un facteur sur les résultats.
À titre personnel, vous êtes à un tournant de votre carrière (après la rupture de son contrat professionnel, il a signé une licence amateur). Que souhaitez-vous ?
Je réfléchirai en fonction de ce qu’on me dit. Je suis un mec d’ici. Si financièrement j’ai une proposition qui me permet d’en faire ma profession et que je suis en accord avec la philosophie, j’aurais envie de rester. Je garde l’objectif d’évoluer plus haut et, si je reste, ce sera pour y aller avec le club. Les Girondins, ce n’est pas un tremplin.
L’avenir du club se jouera aussi au tribunal de commerce le 27 mai. Est-ce stressant ?
Il y a eu tellement d’échéances de ce style depuis trois ans que je m’y suis habitué. Mais c’est forcément stressant quand on y pense.
Le match
Locminé (7e/43 pts) – Girondins (8e/48 pts), ce samedi 18 heures, stade du Pigeon blanc à Locminé.
Le match
Pour cette ultime journée, Bruno Irles devra faire sans le milieu Adrien Louveau et du latéral gauche Driss Trichard. Thomas Trazié et Cedric Yambéré sont, eux, de retour. « On a une revanche par rapport au match aller où on est passé au travers (1-2 le 4 janvier, NDLR), prévient l’entraîneur. On se doit de montrer autre chose. On est les Girondins et enjeu ou non, on n’a pas le droit de passer à côté. »
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