« Il doit être annulé » : pourquoi le procès sur la mort de la légende du football Diego Maradona est menacé ?

Le procès a repris ce mardi à San Isidro, dans la banlieue nord de Buenos Aires, après une suspension d’une semaine. Sept professionnels de santé (médecins, un psychiatre, une psychologue et des infirmiers) sont jugés pour des négligences présumées dans la prise en charge de Diego Maradona. La légende du football est décédée en novembre 2020, à l’âge de 60 ans, alors qu’il se remettait à domicile d’une opération au cerveau.

Selon France 24, cette reprise d’audience pourrait être que de courte duré, car plusieurs avocats, dont Fernando Burlando, représentant les filles aînées de Maradona, comptent demander officiellement la récusation voire la destitution de la juge Makintach. Deux avocats de la défense avaient déjà soulevé la question la semaine dernière.

Le doute s’est installé dès mars, lorsque des individus ont été aperçus filmant dans la salle d’audience, pourtant interdite aux caméras. Ces vidéos révèlent que la juge aurait participé à un tournage dans l’enceinte même du tribunal, juste avant l’ouverture du procès. Makintach, pénaliste de 47 ans, nie toute faute ou participation à un projet audiovisuel portant sur le procès lui-même.

Un scandale retentissant

Cette situation fait couler encre et salive : « C’est un scandale tel que la justice argentine est désormais citée comme exemple de ce qu’il ne faut pas faire », a fustigé Me Burlando ce week-end, dénonçant le « narcissisme » de la magistrate.

Même son de cloche chez Adrian Tenca, pénaliste et professeur de droit : « Le procès doit être annulé. C’est une honte, un manque de respect envers Maradona, sa famille et tous les Argentins qui espèrent une justice digne de ce nom ».

Une solution envisagée

Mario Baudry, avocat de Veronica Ojeda, ancienne compagne de Maradona, estime qu’un nouveau procès, avec un trio de juges totalement renouvelé, serait la seule solution crédible. « Tout est vicié. Repartir de zéro est le seul moyen de restaurer la confiance », a-t-il déclaré, envisageant une reprise éventuelle du procès en janvier 2026.

Un report lourd de conséquences

Le report serait lourd de conséquences pour toutes les parties. Depuis l’ouverture, les audiences avançaient difficilement, à raison de deux par semaine. Les témoignages recueillis jusqu’ici décrivaient un tableau inquiétant : un suivi médical déficient, un équipement inadapté, des conditions indignes pour un patient en convalescence post-chirurgicale.

Une nouvelle annulation serait également une épreuve supplémentaire pour la famille Maradona. Le témoignage de Gianinna, l’une des filles de l’ancien footballeur, avait déjà été particulièrement douloureux, interrompu à plusieurs reprises par l’émotion.

« C’est une humiliation pour le pays », déplore Me Baudry. « Si cela peut arriver à une figure comme Maradona, qu’en est-il des citoyens ordinaires ? », Les sept accusés, qui nient toute faute, risquent entre 8 et 25 ans de prison.