« Ils veulent montrer leur intérêt pour le foot français » : les raisons des deux offres de Canal + à la LFP
Ca n’est pas encore le grand retour de Canal + dans le monde de la Ligue 1. Mais c’est un premier pas notable. Comme révélé jeudi par L’Equipe, la chaîne a transmis deux offres écrites à LFP Media, la société commerciale de la Ligue de football professionnel (LFP). Celle-ci intervient après plusieurs échanges entre le président de Canal +, Maxime Saada, et le patron de LFP Media, Nicolas de Tavernost.
Dans le détail, Canal + a formalisé deux propositions en vue de la saison prochaine, où la Ligue compte lancer sa propre chaîne pour diffuser huit des neuf matchs de chaque journée, le dernier étant en l’état propriété de BeIN Sports. La première, privilégiée par Maxime Saada, permettrait à Canal + de s’occuper en exclusivité de la commercialisation de cette chaîne auprès des distributeurs, comme Orange ou Free. Et propose une co-diffusion de l’affiche du dimanche soir, et donc des affiches comme PSG-OM. La deuxième propose que Canal + soit simplement l’un des distributeurs de la chaîne.
« S’ils ont fait fuiter ces offres, c’est qu’ils veulent montrer leur intérêt pour le foot français, juge le spécialiste du marché des droits télé sportifs, Pierre Maes. J’ai toujours combattu l’idée que Canal tournait le dos à la Ligue 1. Lors du précédent cycle de droits, ils avaient deux matchs. Là, ils en ont encore un puisqu’ils sont les distributeurs exclusifs de BeIN Sports. »
La Ligue doit-elle partager le choc du dimanche soir avec Canal + ?
Reste que Canal + ne fait pas de courbettes avec LFP Media pour s’assurer l’exclusivité de son produit. La chaîne avance l’idée d’un minimum garanti à verser chaque année, sans pour autant communiquer de montant, laissant les dirigeants du foot pro français fixer le leur. Un point crucial pour les clubs, car il leur permettrait d’avoir de la visibilité sur une rentrée d’argent assurée. Et si la LFP voit ces offres d’un bon oeil, elle restera vigilante sur ce point.
« Je pense que Canal veut éviter de braquer d’emblée la Ligue en proposant une somme qui aurait été perçue comme injurieuse », estime Pierre Maes. Au-delà du minimum garanti, l’autre point clé de l’offre privilégiée par Canal + repose dans cette co-diffusion du choc du dimanche soir.
« Ça montre que Canal n’en a rien à faire du volume, et que sa priorité, c’est le top match », juge le spécialiste. « Ils n’ont pas besoin de plus, avec les droits des différentes compétitions européennes qu’ils possèdent déjà, poursuit le président du cabinet NPA, Philippe Bailly. Ils ont déjà un volume colossal de matchs à diffuser. Ce match du dimanche soir pourrait aller avec un partenariat de distribution fort, et peut se lier à un bon minimum garanti. »
Mais le risque ne serait-il pas de plomber la future chaîne de la Ligue en lui enlevant sa plus précieuse exclusivité, surtout avec déjà un match sur BeIN Sports ? « Si on dit que Canal veut partager le meilleur match, vous avez la réponse, glisse Pierre Maes. Avec ça, vous enlèveriez une bonne partie de sa substance à cette chaîne. »
Reste qu’il sera dans tous les cas très peu probable de faire sans Canal + ne serait-ce que pour la distribution. « C’est vital, conclut Pierre Maes. Pour schématiser, les gens qui regardent le foot en France sont abonnés à Canal. Si je suis LFP Media et que je n’ai pas accès à ces gens-là, ça n’est pas une balle dans le pied que je me tire. Mais dans la tête. »
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