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INFO « SUD OUEST ». Girondins de Bordeaux : ce que propose Gérard Lopez aux créanciers pour rembourser la dette du club

Le 27 mai, date d’audition des Girondins devant le tribunal de commerce, approche à grand pas. Ce jour-là, le président-propriétaire Gérard Lopez et son équipe détailleront leur plan de continuation sur plusieurs années. Il est censé permettre au club, aujourd’hui en National 2 et en redressement judiciaire depuis l’été dernier, de retrouver une situation financière saine et stable.

Outre des garanties sur le financement de l’activité, le point central concerne la réduction et le paiement de la dette. Celle-ci s’élève à environ 94 millions d’euros. Le club prévoit un remboursement étalé sur dix ans, le maximum autorisé par le code du commerce, avec des annuités qui passeront progressivement de 5 % à 13 %, comme indiqué par « L’Équipe ». Les quelque 400 créanciers sont répartis en 13 « classes de parties affectées » et chaque classe fait l’objet d’une proposition.

10 % pour les PME locales

Selon nos informations, deux d’entres elles se voient proposer un remboursement intégral : la deuxième (l’État avec la TVA) pour 5 millions d’euros, et la troisième (les impôts, l’Urssaf et la prévoyance) pour 4,2 millions d’euros. Fortress, à qui le club doit au total 11,5 millions d’euros, est également choyé. Il lui est proposé 4 millions d’euros payés en huit tranches d’ici décembre 2027. Le fonds américain abandonnerait au passage son action préférentielle, qui lui permet de prendre le contrôle du club dans certains cas.

Le club entend rembourser toutes les autres classes à hauteur de 10 % des sommes dues. Cela vaut notamment pour les neuf transferts qu’il n’a pas intégralement payés (presque 10 millions d’euros). Il a été estimé, après analyse approfondie, qu’un accord du tribunal de commerce s’imposerait à la législation du sport et que les sanctions prévues par la Fifa dans pareil cas (interdiction de recrutement) ne s’imposeraient pas.

Ces 10 % de remboursement s’appliquent donc à toutes les autres classes, y compris aux plus de 250 créanciers dits chirographaires, c’est-à-dire qui ne bénéficient d’aucun privilège. Cette onzième classe est majoritairement composée de petites sociétés, pour la plupart de la région, dans des secteurs d’activité très diversifiés (événementiel, viticulture, hôtellerie, transports, sécurité, informatique…). Cela vaut aussi pour la Métropole de Bordeaux, qui cumule 20 millions d’euros de loyers impayés pour le stade.

Retours à meilleure fortune

Quant à Gérard Lopez, à qui le club doit 42 millions d’euros, il s’astreint lui aussi à un remboursement de 10 %. Détail qui aura peut-être son importance dans la perception du tribunal de commerce et de l’environnement du club : il ne le touchera que dans onze ans, après paiement de tous les créanciers selon le plan.

Au total, ces remboursements représentent environ 19 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 6 millions d’euros à rembourser aux AGS (garantie des salaires, avec un étalement demandé sur deux ans). La direction prévoit deux clauses de retour à meilleure fortune : un retour en Ligue 2 d’ici 2033 ou une vente du club d’ici 2035 permettraient de faire monter le chèque à environ 40 millions d’euros.

Majorité des deux tiers

Après réception de la proposition du club, dans les tout prochains jours, chaque créancier aura deux semaines pour voter « oui » ou « non ». Le plan est considéré comme adopté par une classe à la majorité des deux tiers. Même si plusieurs classes votent contre, le tribunal peut valider le plan au nom du « meilleur intérêt des créanciers », c’est-à-dire si une liquidation ou un plan proposé par un repreneur alternatif ne permet pas un meilleur remboursement.

Un éventuel repreneur intéressé doit transmettre son offre de plan de cession le 26 mai au plus tard au tribunal de commerce. Trois critères permettent d’évaluer des plans : financement de l’activité, maintien de l’emploi et remboursement des créanciers. Après l’audience du 27 mai, les juges rendront leur décision entre le 10 et le 17 juin.

Quelles conséquences aurait un plan de cession ?

Dans le cadre d’un plan de cession, ce n’est pas le club qui est cédé mais ses actifs. Le prix mis sur la table par le repreneur sert à rembourser les créanciers dans l’ordre des privilèges. La société « originelle » (la SA Girondins de Bordeaux) est donc liquidée. L’équipe de Gérard Lopez y voit « un risque particulièrement important » de descente en Régional, « de manière moins probable » en National 3.
Des sources fédérales rappellent toutefois que le redressement judiciaire bordelais a déjà été suivi d’une rétrogradation l’été dernier, et qu’en l’espèce, si un plan de cession était retenu, il serait forcément mieux-disant que le plan de continuation de Gérard Lopez. Il n’y aurait donc pas forcément de logique à le sanctionner à nouveau. Mais le Comité exécutif de la FFF pourrait-il le garantir à un éventuel repreneur avant le 27 mai ? Rien n’est moins sûr.
Au sein de la Fédération, on dit n’avoir été officiellement saisi par aucun porteur de dossier. Idem au tribunal de commerce. Du côté d’Oliver Kahn, candidat déclaré depuis quelques mois, on ne souhaite toujours pas s’exprimer. Une certitude : même si la SA devait un jour disparaître, l’association Girondins de Bordeaux perdurera. Et avec elle, le nom du club, son palmarès et son blason.

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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