Match France-Israël : brefs incidents, sécurité maximum, tribunes vides et match nul… récit d’une soirée morose au Stade de France
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Reportage
La rencontre qui opposait la France à Israël jeudi soir au Stade de France s’est déroulée dans une enceinte quasiment vide avec un dispositif sécuritaire hors normes. La soirée sous haute tension n’a été émaillée que par un bref incident en tribune en première mi-temps.
Cela devait être un retour à domicile pour les Bleus, jeudi 14 novembre. Certes lors d’une rencontre jugée « à haut risque » face à Israël, mais un match devant leur public au Stade de France tout de même. Ce fut juste un spectacle désolant en tout point. D’abord parce que les tribunes étaient vides. Sur les 80 000 places que comptent l’enceinte de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), seulement 16 611 étaient occupées – soit la plus faible affluence de l’histoire pour un match de l’équipe de France au Stade de France. Les routes étaient bloquées, les accès quadrillés, les commerces fermés.
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Une heure et demie avant la rencontre, seules quelques personnes entourées de policiers discutent sur la célèbre esplanade qui fourmille d’ordinaire de supporters à chaque événement sportif. « D’habitude, c’est rempli ici », constate Didier, 62 ans. Jean-Baptiste, en face de lui, fait remarquer l’hélicoptère qui tourne autour de l’enceinte.
Dans les deux groupes de supporters dont ils font partie, tous ne sont pas venus. « Il y a forcément de tout en termes d’opinion, d’appréhension. Il y a des gens qui ont clairement boycotté, d’autres qui ont peur, d’autres qui sont démotivés par tout ce contexte et ces mesures », détaille Jean-Baptiste.
« Au début, je ne voulais pas venir »
Pour accéder à l’enceinte, en effet, il a fallu passer de multiples contrôles d’identité, suivis de palpations. Un dispositif sécuritaire hors normes effectué par 4 000 policiers et gendarmes et 1 600 agents de sécurité privée. Le RAID, l’unité d’élite de la police nationale, était également engagé pour la sécurité de l’équipe d’Israël. Tout ça sous les yeux de Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, venu visiter le dispositif vers 17h30, bien avant le coup d’envoi. Le trajet pour se rendre au stade était délimité par des barrières, le bleu des voitures de police clignotait à chaque recoin et, à défaut d’entendre les chants des supporters, ce sont les sifflets des forces de l’ordre en train de faire la circulation qui prenaient le dessus.
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« Au début, je ne voulais pas venir, j’avais peur et, finalement, c’est rassurant de voir autant de policiers », confie Joy, 35 ans, aux abords du Stade de France avec ses deux enfants, Kévin, 13 ans, et Benjamin, 9 ans. Son mari, David, 41 ans, précise que la famille a pris quelques mesures de sécurité : ils sont arrivés tôt pour garer la voiture au plus proche du stade et repartiront un peu avant la fin du match pour éviter d’éventuels débordements.
Des supporters israéliens très prudents
D’autres sont venus justement pour montrer qu’ils ne voulaient pas se laisser intimider par de possibles échauffourées. Après la nuit de violence à Amsterdam lors du match de Ligue Europa le 7 novembre, Juliette, 58 ans, Claude, 76 ans, Elisabeth, 70 ans, et Gabrielle, 65 ans, sont présents « avant tout pour soutenir Israël ». Sans toutefois porter un drapeau : « On a pris les transports en commun, mais on s’est dit qu’on ne mettait aucun signe distinctif. » Même son de cloche pour David, 61 ans, accompagné de son fils, Jérémy, 31 ans : « On ne peut pas accepter qu’en France, en 2024, on ne puisse pas faire du sport librement, qu’on ne puisse pas jouer contre une équipe d’un pays que tout le monde reconnaît. »
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Dans le stade, les sièges sont vides. La tribune présidentielle est peut-être la plus remplie. Autour d’Emmanuel Macron, venu pour « envoyer un message de fraternité et de solidarité après les actes antisémites intolérables qui ont suivi le match à Amsterdam » selon son entourage, se trouvent une multitude de politiques. Ses deux prédécesseurs à l’Elysée notamment, Nicolas Sarkozy et François Hollande, mais aussi le Premier ministre Michel Barnier ou encore la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse.
Ailleurs, quelques drapeaux français flottent dans les gradins, ponctués par des drapeaux israéliens. Excepté dans la tribune sud, celle des supporters : les fans français occupent la tribune basse et une partie de la tribune haute, la « centaine de supporters israéliens » – selon une source policière – l’autre partie. L’ambiance est électrique : l’hymne israélien est sifflé tout comme chaque prise de balle des joueurs. Le match commence à peine et quelques supporters israéliens lancent des chants de soutien à leur équipe. Une jeune femme, drapeau français sur les épaules, les hue. « C’est naze de faire ça », lui lance un homme assis un peu plus loin.
Brève échauffourée en première mi-temps
Dans le parcage israélien, des chants, politiques cette fois, sont lancés. On entend notamment : « Libérez les otages », « Le Hamas, on t’encule » ou encore « Tsahal », en soutien à l’armée israélienne. Puis des violences, dont les origines ne sont pas très claires, éclatent au cours de la première période. D’après plusieurs témoins, un supporter français aurait été « lynché » par plusieurs supporters israéliens.
L’incident a été bref, les stadiers sont intervenus pour séparer les supporters, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de l’article. Une source proche du dossier a évoqué auprès de l’Agence France-Presse (AFP) « des provocations de gens suspectés d’appartenir à la mouvance d’extrême gauche et de supporters du PSG (tribune Auteuil) ». « Il y a eu un mouvement de foule et les supporters du PSG se sont fait courser », a indiqué cette source en précisant qu’il n’y a « pas » eu « de blessés ». A la suite de ces incidents, « il y a eu deux interpellations », a déclaré le préfet de police de Paris Laurent Nunez, sur France 2 ce vendredi matin. Et de préciser : « une immédiatement, puis une à l’issue du match. »
A la fin de la rencontre, l’attaquant des Bleus Randal Kolo Muani a tout même admis que « voir le stade comme ça » lui faisait « un peu mal au cœur », rapporte l’AFP. D’autant plus que, outre le contexte au Proche-Orient, le spectacle sur le terrain a été navrant. Les deux équipes se sont neutralisées (0-0) au terme d’un match tout aussi morose que l’ambiance brumeuse qui pesait sur le stade. L’équipe de France, bien que qualifiée pour les quarts de finale de la Ligue des Nations, est rentrée au vestiaire sous les sifflets des quelques supporters qui avaient fait le déplacement.
Auteur : Manon Bernard
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