Actualité

« On s’est dit ce qu’on avait à se dire » : le président des Girondins de Bordeaux Gérard Lopez reçu par Christine Bost et Pierre Hurmic

« On s’est dit ce qu’on avait à se dire », indiquait ce vendredi 16 mai en soirée Christine Bost, la présidente de Bordeaux Métropole, après un échange avec Gérard Lopez en mairie d’Eysines. Le président et propriétaire des Girondins de Bordeaux s’est fendu d’une visite éclair en Gironde, sur fond de bras de fer engagé par la collectivité avec l’homme d’affaires.

En milieu de semaine, les administrateurs et l’actuelle direction du club de football bordelais, en redressement judiciaire, ont communiqué leurs propositions de restructuration de la dette, dans le cadre d’un plan de continuation qui sera examiné le 27 mai par le tribunal de commerce de Bordeaux. L’objectif : la faire passer de 93 millions d’euros à 25 millions d’euros. Au sommet des principaux créanciers, outre Gérard Lopez lui-même, on trouve le fonds d’investissement Fortress, les clubs de football à qui des frais de transfert n’ont pas été payés et la Métropole. Pour celle-ci, la proposition de régler, sur dix ans, 2 millions d’euros pour les loyers impayés du stade depuis 2020, quand la note s’élève à 20 millions, ne passe pas.


Christine Bost, ce vendredi matin lors d’une conférence de presse sur l’accord trouvé avec SBA sur la fin du partenariat public-privé.

Laurent Theillet/SO

« Ce n’est pas acceptable, indique Christine Bost. Il n’est pas question d’effacer la dette d’argent public. J’en fais une question de principe. »

Lettre de garantie

Un peu plus tôt dans la journée, la présidente socialiste indiquait : « J’ai déjà fait valoir la lettre de garantie auprès de La Dynamie [société mère des Girondins, également en redressement judiciaire, NDLR] et de Jogo Bonito [holding détenue par Gérard Lopez]. Je défends les intérêts de la Métropole. » Le document, exigé en 2021 lors du rachat du club, n’est pas neutre. Il permet à la collectivité de demander au garant de se substituer au club en cas d’impayés. Un atout que la collectivité a soigneusement gardé dans son jeu pour le produire dans le « money time ». Car les jours sont comptés avant un nouveau rendez-vous crucial devant la justice consulaire. « On ne marchande pas avec la dette publique », insiste l’élue.

Lors de cet échange, pourtant cordial, chaque partie est restée campée sur ses positions. Côté Girondins, il a été mis en avant qu’il s’agissait là du seul plan qui permettrait une continuation du club, et que la Métropole, qui assurera seule la gestion du Matmut Atlantique à partir du 1er août, a tout intérêt – d’un point de vue financier et en termes d’image pour une recherche de naming – à conserver un club résident au plus haut niveau possible. « Nous souhaitons la pérennité du club. Nous avons d’ailleurs fait un geste en baissant le prix du loyer du stade pour la saison prochaine », soutient Christine Bost|(1).

« Il n’est pas question d’effacer la dette d’argent public. J’en fais une question de principe »

Malgré le coup de pression de la garantie, aucune proposition n’a été faite par Gérard Lopez afin de réévaluer le montant prévu pour honorer les impayés. Une stratégie frontale dont l’issue sera arbitrée par le tribunal de commerce.

Dans le cadre de la procédure, les 400 créanciers sont répartis en 13 « classes de parties affectées » et chaque classe fait l’objet d’une proposition. Ceux qui y figurent votent pour ou contre. En l’état, la Métropole, qui figure dans deux d’entre elles, se prononcera contre. La Ville de Bordeaux, dont la créance est moindre (27 000 euros), également. Le maire Pierre Hurmic l’a indiqué à Gérard Lopez lors d’une rencontre quelques heures plus tôt.

La mairie aussi

« S’agissant d’argent public, il est inacceptable que les créances de la Ville et de la Métropole soient écrasées à 90 %. Il n’est pas non plus acceptable que les trop nombreuses entreprises locales créancières se voient fragilisées par le quasi-effacement de l’argent qui leur est dû », a indiqué Pierre Hurmic qui a, par ailleurs, demandé la régularisation de la saison en cours : malgré l’accord passé en mars, le loyer de la plaine du Haillan, le centre d’entraînement des Girondins, n’a pas été payé à ce jour.

Quelle que soit la position majoritaire des créanciers, il incombera en dernier ressort aux juges de valider ou non le plan de continuation dans son ensemble. Si Fortress, créancier protégé, peut faire pencher la balance, le « peu » sera toujours considéré comme mieux que « rien » pour les autres, si aucune autre alternative ne se présente d’ici là. Sur le risque que sa position influe sur une liquidation judiciaire, Christine Bost a renvoyé la balle : « Le risque, ce n’est pas moi qui le prends. »

Du côté de Gérard Lopez, on ne souhaite pas commenter. Et il n’est pas prévu, à ce stade, que les interlocuteurs de ce vendredi se revoient d’ici au 27 mai.

(1) Fixé à près de 1 million d’euros contre 4,7 millions d’euros dans le PPP qui prendra fin le 1er juillet.

Auteur :

Aller à la source

Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

Cédric has 2879 posts and counting. See all posts by Cédric