Relégation de Nîmes en N2 : le président Rani Assaf, invisible au stade cette saison, est-il seulement sensible au cataclysme causé par son inaction ?
BILLET. Le naufrage de Nîmes Olympique est avant tout celui de son président-actionnaire.
L’agonie aura duré des mois avant que le printemps ne vienne sceller la « petite mort » de Montpellier et Nîmes en Ligue 1 et National 1, pathétiques de bout en bout. Le MHSC et NO, deux clubs phares de l’ex Languedoc-Roussillon, qui bataillaient encore en L1 il y a seulement quatre ans et qui, désormais, s’apprêtent à sombrer dans l’anonymat d’une traversée du désert peut-être sans retour.
Comme Sète, Béziers, Alès ou Perpignan avant eux, déclassés pour belle lurette à l’échelon amateur. Triste Languedoc-Roussillon, quasi dépouillé de tout club pro, alors qu’il y a 40 ans ces villes paradaient en deuxième division. La nostalgie mise de côté, on peut s’en émouvoir, pas s’en offusquer. Ainsi frappe sans pitié le ballon rond, symbole capitalistique par excellence.
Tout est histoire de fric, et c’était à prévoir depuis la crise du Covid, annonciatrice de l’effondrement des droits télé, sauf que l’exemple de Nîmes Olympique donne une autre ampleur au désastre, accablé en sus par une crise morale. Le président Rani Assaf, dont on cherche vainement la quête de sens sous le vernis de l’orgueil obstiné, est gravement pointé du doigt, comme indifférent à la cause sportive.
Les joueurs passent, sans états d’âme ; les supporters restent, avec leur peine
Les saisons et les relégations défilent mais il continue de s’entêter dans une guerre politico-sportive avec la mairie au sujet d’un nouveau stade. Actionnaire majoritaire du club depuis 2016, le patron des Crocos, invisible au stade cette saison, est-il seulement sensible au cataclysme causé par son passage au club ? Soixante-dix ans de professionnalisme s’effondrent en poussière, mais le patron, piétinant l’histoire et la passion, préfère jouer la Grande muette en guise d’explications.
Ceci dit, mieux vaut parfois ne pas l’ouvrir que s’apitoyer sur soi sans un mot de compassion envers son club. Dans n’importe quel autre sport collectif, un joueur porteur du bonnet d’âne ressent accablement et honte. Pas l’attaquant Wahbi Khazri, indifférent à l’autocritique, seulement soucieux de sa rondouillarde réputation. D’Assaf à Khazri, une même attitude : privatiser le foot à soi, et s’en remettre à la faute à Voltaire. Le foot, il a changé, comme dirait l’autre. Les joueurs passent, sans états d’âme ; les supporters restent, avec leur peine.
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