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Télévision : des personnalités sur les traces de leurs ancêtres esclaves

Comment expliquer l’esclavage en France au grand public sans être rébarbatif ? France 2 a trouvé la solution avec le superbe documentaire « Aux origines, l’esclavage », réalisé par Sonia Dauger (« Secrets d’Histoire ») et Xavier Lefebvre (« Notre-Dame Résurrection »). Ces derniers ont effectué des recherches généalogiques poussées de Français connus ou anonymes de tous horizons, et les ont fait marcher dans les pas de leurs aïeux.


Les captifs africains prêts à être embarqués sur les bateaux négriers.

Gédéon Programmes

Participent à ce documentaire le rappeur et acteur Joey Starr, la comédienne Stéfi Celma (« Dix pour cent »), la journaliste Karine Baste, l’ancien footballeur des Girondins de Bordeaux Guillaume Hoarau, le rappeur Kalash ou encore la soprano Marie-Laure Garnier. Le film s’intéresse aussi aux descendants de Toussaint-Louverture, mais aussi d’armateurs et de capitaines négriers, qui vont découvrir les parcours et les destins de leurs ancêtres.

Guillaume Hoarau, ancien joueur des Girondins de Bordeaux (2014), originaire de La Réunion, est un des témoins de ce documentaire.


Guillaume Hoarau, ancien joueur des Girondins de Bordeaux (2014), originaire de La Réunion, est un des témoins de ce documentaire.

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Bordeaux, port négrier

À plusieurs reprises, la ville de Bordeaux est évoquée. L’historienne Julie Duprat, qui a notamment travaillé sur la place de la ville dans la traite négrière, livre son analyse : « On dit souvent que Bordeaux a été le troisième port négrier à égalité avec La Rochelle en France métropolitaine. En réalité, sa place évolue beaucoup en fonction de la période. Au début du XVIIIe siècle, elle reste assez mineure quand Nantes est très loin devant. Puis, notamment après la guerre de Sept Ans [1756-1763, NDLR], la traite augmente significativement avec l’implication beaucoup plus forte des commerçants bordelais, à tel point que, dans les années 1780, Bordeaux devient le premier port négrier de France. Ce commerce-là arrive même à son apogée dans les années 1880 alors que la traite négrière est devenue illégale. »

Julie Duprat, historienne, s’est intéressée à la traite négrière à Bordeaux.


Julie Duprat, historienne, s’est intéressée à la traite négrière à Bordeaux.

Fondation pour la Mémoire de l’Esclavage

La chercheuse poursuit : « Le recensement bordelais de 1777 faisait état d’environ 300 noirs, esclaves ou libres, un chiffre qui semble sous-estimé. J’ai compté toutes les personnes de couleur qui étaient arrivées à Bordeaux aux XVIIIe et XIXe siècles, à la fois les libres et les non libres, on est alors entre 7 000 et 8 000 passagers d’origine africaine, dont 80 % d’entre eux étaient des esclaves. On arrive au final à 6 500 esclaves qui sont passés par Bordeaux à un moment ou un autre. »

L’ancien hôtel de l’Empereur, cours Clemenceau à Bordeaux, à côté de l’Auditorium, où exerça le chef, ancien esclave, Casimir Fidèle.


L’ancien hôtel de l’Empereur, cours Clemenceau à Bordeaux, à côté de l’Auditorium, où exerça le chef, ancien esclave, Casimir Fidèle.

Claude Petit / SUD OUEST

Certains étaient aussi envoyés à Bordeaux pour apprendre un métier avant d’être renvoyés dans les colonies. Des tonneliers, charpentiers, forgerons, tailleurs et surtout cuisiniers ont ainsi été formés. Et justement, ce documentaire revient sur l’incroyable destin de Casimir Fidèle, dont la descendante s’exprime dans le film. Mis en esclavage vers l’âge de 6 ans, il est formé à la cuisine d’abord à Paris puis à Bordeaux, où il est affranchi en 1775-1776. Il deviendra le chef estimé de l’Hôtel de l’Empereur, situé au 13 du cours Georges-Clemenceau, avant de se faire élire représentant des citoyens de couleur et défendre leur cause.

Les personnalités invitées de ce documentaire vont se retrouver devant leur arbre généalogique lié à l’esclavage.


Les personnalités invitées de ce documentaire vont se retrouver devant leur arbre généalogique lié à l’esclavage.

Gédéon Programmes

Les témoins de ce film vont aller de surprise en surprise, chacun avec sa propre approche et sensibilité. Un documentaire pour l’Histoire à ne pas rater.

« Aux origines, l’esclavage », mardi 13 mai à 21 h 10 sur France 2.

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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