Victoire du PSG : polémique sur la sécurité à Paris, Retailleau pris en tenaille entre le RN et LFI
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Le Nouvel Obs avec AFP
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Dans les rues autour des Champs Elysées durant les célébrations de la victoire du PSG lors de la finale de la Ligue des Champions, le 31 mai 2025. REMI BREMOND / HANS LUCAS VIA AFP
Les débordements – qui ont fait deux morts – en marge des célébrations de la victoire du PSG ont été l’occasion d’une passe d’armes entre le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, le député Insoumis Antoine Léaument et le RN.
Les débordements en marge des célébrations de la victoire du PSG face à l’Inter Milan en finale de la Ligue des champions, dans la nuit de samedi à dimanche, n’ont malheureusement rien de nouveau. Mais elles ont été l’occasion d’une vive passe d’armes entre le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, la France Insoumise et le Rassemblement national.
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Ces deux derniers, pour des raisons différentes, ont chargé le ministre de l’Intérieur, le rendant responsable des graves incidents et des violences qui ont eu lieu. Deux personnes – un mineur à Dax et un homme à Paris – sont décédées, 22 membres des forces de l’ordre ont été blessés et 559 personnes ont été interpellées, selon le ministère de l’Intérieur.
Un des premiers à avoir dégainé est le député LFI de l’Essonne, Antoine Léaument. Présent sur les Champs-Elysées dans la soirée, il se filme et s’en prend au dispositif sécuritaire mis en place : « Bruno Retailleau a organisé le bazar. Sur les principaux axes de remontée vers les Champs-Élysées, la circulation n’est pas coupée. Le barbare du maintien de l’ordre, c’est lui et lui seul ».
Il répondait alors à un tweet du ministre de l’Intérieur qui, dans la soirée, pointait du doigt « des barbares », « venus dans les rues de Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre », et de poursuivre : « Il est insupportable qu’il ne soit pas envisageable de faire la fête sans craindre la sauvagerie d’une minorité de voyous qui ne respectent rien. »
Visiblement bien remonté, l’élu Insoumis a poursuivi tout le long de la soirée ses critiques : « Bruno Retailleau est-il sadique ? À Madeleine, une des seules stations de métro ouvertes près des Champs-Élysées, gaz lacrymogènes à profusion. Empêcher les gens de fêter la victoire aux Champs, c’est ça le projet ? Le barbare est à Beauvau », poste-t-il sur Twitter peu après minuit.
Vers 1h30, il poursuit, dénonçant les « opérations de gazage », tout en continuant à se filmer : « Bruno Retailleau utilise des méthodes barbares. Envoyer des lacrymogènes au milieu de la foule est extrêmement dangereux. Le responsable du chaos, c’est lui. » Pas encore couché, Antoine Léaument continue à 3 heures du matin : « Pour empêcher un pillage, on met une rangée de CRS devant le magasin. Pour bloquer une charge, on tient la position et on disperse. Quel rapport avec l’envoi de lacrymogènes au milieu d’une foule pacifique ? Retailleau est NUL. »
« Barbare », un vocabulaire aux « relents racistes »
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a estimé que Bruno Retailleau devait « rendre des comptes », l’accusant d’avoir mis « de l’huile sur le feu » en employant le terme de « barbares ». Il a aussi critiqué les propos de Jordan Bardella qui a dénoncé « des racailles ». « Tout ce vocabulaire qui vise à déshumaniser une partie de la population française, je le trouve extrêmement, extrêmement choquant », a commenté Manuel Bompard, évoquant des « sous-jacents » avec des « relents racistes » derrière ces termes. Face à « des rassemblements de foule qui sont très nombreux » lors de telles festivités, « il y a des enjeux en termes de maintien de l’ordre. Mais il ne suffit pas d’utiliser des mots scandaleux, des mots chocs pour régler les problèmes », a-t-il dit. « Hier, dans les rues de Paris il y avait surtout des supporters », a-t-il souligné.
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« Le risque sécuritaire de cette soirée a été manifestement sous-estimé, et le dispositif sous-dimensionné. Paris est livrée aux émeutiers », a accusé sur X pendant la nuit de samedi à dimanche le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella. « C’est un fiasco évidemment », a abondé dimanche le vice-président du RN Sébastien Chenu, invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/Public Sénat/M6.
Un dispositif « à la hauteur » selon Retailleau
Lors d’une conférence de presse dimanche, le ministre de l’Intérieur a estimé que le dispositif sécuritaire pour prévenir tout débordement avait été « à la hauteur », « la fermeté de la réponse sécuritaire […] au rendez-vous. »
« La réponse » aux violences « ne peut pas être uniquement sécuritaire. Ceux qui pensent que la réponse c’est simplement une doctrine d’emploi des forces de l’ordre se trompent comme le Rassemblement national, comme ils trompent les Français », a-t-il répondu au RN.
Quant au parti de Jean-Luc Mélenchon, Bruno Retailleau l’a qualifié de « La France incendiaire ». « Dès que le feu des violences surgit, les LFI se précipitent pour défendre systématiquement ceux qui allument le feu et attaquer ceux qui sont censés éteindre le feu », a-t-il dit en les accusant « d’encourager la violence ».
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